Les allees couvertes d’Ait Rehouna et D’Ibarissen

:(region de Kabylie)

Deux sites protohistoriques exceptionnels

 

 

ملخص:

يهدف هذا المقال توضيح نمط خاص من المعالم الجنائزية الفريدة من نوعها و القليلة سواء من حيث التنميط أو التصميم المعماري في بلاد المغرب، ونعني تلك الأروقة المغطاة التي تبقى غير معروفة والمتمثلة في عدد قليل جدا والمتواجدة بمنطقة القبائل والتي ستندثر في المستقبل إن لم تؤخذ التدابير الخاصة صيانتها وترميمها.

 

RESUME 

Ce papier a pour objectif de monter un type de monument funéraire protohistorique particulier et rare au Maghreb de part sa typologie et son architecture, il s’agit bien des allées couvertes très mal connues dont on dénombre un petit nombre qui risque dans un proche avenir d’être démantelé pour toujours

MOTS CLES :allée couverte, dolmen, monument funéraire, protohistoire

 

Introduction 

Les allées couvertes sont très connues en Europe notamment en Sardaigne et souvent sont considérées comme des sépultures collectives. Elles sont définies par une forme simple d’une allée qui se compose d’une chambre rectangulaire allongée recouverte par plusieurs dalles, les parois constituent un appareillage fais par de grosses pierres et l’intérieur de la chambre est divisé par des cloisons construites par des pierres de moyennes dimensions

Dans tout le Maghreb, il n’y aurait que 14 allées couvertes. Parmi elles, 8 sont dénombrées à Aït Rehouna, à 14 km du chef-lieu de la daïra d’Azeffoun (wilaya de Tizi Ouzou) et 6 autres à Aït Garet et Ibarissen, à 8 km à l’ouest de Toudja, (wilaya de Béjaïa) (fig. n° 1). Elles ont été signalées pour la première fois par M. Euzennat en 1954 et par J. Tschudi en 1955 et enfin G. Camps en 1961

  • Historique des recherches

En 1954, M. Euzennat, invita G. Camps à venir pratiquer un sondage dans un des allées couvertes. Ces constructions constituent une petite nécropole littorale sur la côte de la grande Kabylie à Ait Rahouna. Sur les flancs du sommet d’un promontoire est occupé par le village, se dressent les allées couvertes à quelques mètres de la route nationale reliant

Azzefoun -Tigzirt. La partie subsistante recouverte d’une énorme table dépassant 3,20 mètres de longueur était précédé d’un éboulis s’étalent sur une dizaine de mètres environ.Les parois sont construites par de grosses pierres assez régulièrement disposés. Le sondage a permet de reconnaitre que el sol était dallé et que les supports ont été construits sur ces dallages

Les autres monuments ont pour dimensions 4,85 mètres de long et un autre, une dalle de 3,46 mètres de longueur, présentant les mêmes caractères extérieurs. La hauteur est considérable atteignant 2 mètres. Ce rapide sondage n’a pas permet de révéler que ces monuments étaient des sépultures collectives protohistoriques ou puniques, et ce malgré la découverte d’une perle en pâte de verre, un fragment d’oenochoé et d’une queue d’amphore du II e siècle av. J.C. les restes, très mal conservés, de trois individus furent retires le long des parois dans une couche pierreuse de 0,40 m de profondeur environ

En 1955, J. Tschudi, découvre la présence des allées couvertes d’Ibarissen à Ait Garet, village situé à plus de 8 km à l’ouest du village de Toudja, et dans la même année, elles furent sommairement décrits par M. Picaud dans note manuscrite, par la suite en 1958 R. Poyto se rendit plusieurs

Fois voir le site et il a même accompagné G. Camps en ce lieu. Ils sont en très bonne état de conservation et n’ont jamais fait l’objet de fouille. L’un d’eux  a une hauteur de 2 mètres, une longueur de 12,50 mètres et 1,40 m de largeur, L’autre allée couverte d’Ibarissen est plus court environ 7 mètre de longueur mais plus élevé environ 2,50 m. G. Camps, rapporte d’après les renseignements de M. Picaud que 5 autres allées couvertes ont été découvert à Ibarissen, dont le plus long mesure plus de 10 mètres et le plus court 6 mètres et d’une hauteur intérieure assez considérable variant entre 3 et 4 mètres. Les parois sont construites en plaquettes et pierres superposées.

  • Le site d’Ait Rehouna

Les habitants d’Aït Rehouna appellent ces monuments « Les petites maisons romaines ». Un premier groupe de quatre premiers monuments sont localisés au dessus de la route nationale dans un même endroit et qui ont subi d’importants dégâts causé tant  par la nature que par l’homme.

Un deuxième groupe est localisé plus haut, sur la crête du vieux village d’Ait Rehouna, se trouve  les restes d’une cinquième sépulture dans un très mauvais état de conservation, utilisé par le propriétaire du terrain  à des fins particuliers (débarras)

Une sixième sépulture se trouve un peu plus en bas, à environ 200 mètres à l’ouest du village, constituées de deux murs formés par de grosses pierres équarris bien agencé et séparés par un dallage.

3- Le site  d’Ibarissen

Seules quelques allées couvertes sont apparentes actuellement; une seule allée est en bon état de conservation (fig. n°6), les autres sont, soit complètement ou partiellement effondrées. D’autres allées couvertes nous sont signalées dans les environs, mais difficilement accessible. Les allées couvertes d’Ibarissen n’ont aucune orientation constante, elle est dictée par la topographie du terrain.

Les allées couvertes d’Ibarissen sont construites en général par des fragments de dalles.

De grès et par des gros blocs empilés auxquels s’ajoutent une couverture de dalles dont certaines atteignent 3 mètres de longueur

Très abondantes dans l’environnement ayant 0,30m d’épaisseur. Leurs longueurs sont exceptionnelles et varient entre 8 et 15 mètres et leurs hauteurs oscillent entre 1,30 et 1,50 mètre. Les murs constituant les parois sont légèrement inclinés vers l’intérieur du monument

Le site d’Ibarissen est confrontée aujourd’hui par de nombreux problèmes parmi eux d’où la détérioration quasi-totale des allées. De nombreux monuments funéraires restent complètement ensevelis.

Des actes de vandalisme et de pillage se pratiquent au sein du site, des dalles et les pierres qui constituaient les tombes ont été réemployées comme matériaux de construction.

4-  Etude architecturale et typologique des allées couvertes

En générale, sous le terme d’Allée couverte, on désigne un type particulier de dolmen. Les distinctions entre dolmen long, allée couverte et allée sépulcrale sont parfois difficiles du fait de la continuité d'évolution entre les trois formes standard.

L'allée couverte est un dolmen démesurément long dont la chambre sépulcrale a plus ou moins la même largeur que le couloir. Le tout est recouvert de plusieurs dalles horizontales (tables) qui reposent sur une série de montants latéraux (ou orthostates) inclus dans le tumulus ou qui en débordent vers l'intérieur.

Généralement, ces « allées couvertes » présentent une hauteur quasi-constante sur toute leur longueur, contrairement aux dolmens dits « à couloir » qui montrent un décrochage plus important entre le chevet (murette ou dalle verticale du fond) élevé et l'entrée du couloir plus basse. Bien sûr, ces différences sont plus ou moins marquées selon le dolmen, et l'appellation « Allée couverte » est donc parfois controversée.

La différence majeure entre les dolmens à couloir et les dolmens dit  "Allées couvertes", est l'absence de chambre dans ces derniers. On pourrait dire qu'ils ne comportent qu'une chambre en forme de couloir. Ce changement important d'architecture est à l'origine de la distinction souvent portée

 

Entre ces deux types de construction mégalithiques d'autant que les allées couvertes sont plus récentes.

4.1- L'apparence des allées couvertes

Elles sont à l'origine recouvertes d'un tumulus pouvant être en terre, mais aussi en pierres. Leurs implantations diffèrent peu des dolmens à couloirs.

  • Assemblage de la chambre

Elle est en général de largeur constante, construite avec des piliers en dalle ou par de grosses pierres de hauteur souvent équivalente avec une symétrie entre les cotés gauche et droit, et des dalles de couverture de même largeur que les piliers les supportant. Bien que tous les monuments ne possèdent pas de dessins, ils sont fréquent et peuvent se trouver aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des chambres.

 

Le type de construction le plus fréquent est composé de piliers verticaux  supportant une dalle horizontale comme un portique, cela répété plusieurs fois.Il en existe aussi appelé "arc-boutées" utilisant des piliers penchés avec ou sans dalles

De couvertures, d'autres pouvant utiliser le relief existant tel qu'un promontoire naturel pour un coté de la chambre

4.2- Typologie des allées couvertes d’Europe

  • Les allées couvertes longues

La grande majorité appartient à ce groupe. La longueur varie de 10 m à plus de 20 mètres. Elles sont composées d'un unique couloir parfois segmenté en plusieurs parties. Elles comportaient souvent une porte sous formes d'une dalle échancrée ou d'un passage étroit généralement fermé par un opercule adapté à l'orifice, cinq types selon J Guillame

  • Les allées couvertes courtes
    Elles ressemblent aux allées couvertes longues, elles sont plus courtes avec un couloir beaucoup plus étroit.
  • Les Allées arc-boutées
    Elles ont des parois latérales inclinées qui se rejoignent par leurs sommets (piliers penchés avec ou sans dalles de couverture)
  • Les Allées à entrée latérale
    L'entrée est situé sur le coté le plus grand et comporte souvent une porte qui peut être composée de dalles échancrées, accolées pour former un orifice circulaire.

e-Les Allées en équerres

Elles sont composées d'une chambre très allongée, desservie par un long         couloir plus ou moins perpendiculaire. Une variante possède une chambrette à l'intersection des deux

f-Les Allées en V
Elles se caractérisent par un élargissement progressif depuis

L’entrée jusqu'au fond de la chambre. Par conséquence ceux d’Ait Raouna et d’Ibarisssen ne ressemblent guerre ceux de l’Europe.

  • Etat de conservation des allées couvertes

Les allées couvertes sont confronté quotidiennement aux actes de destruction et du vandalisme sans qu’aucune autorité ni quelque scientifique ne s’en offusquent. La carrière de roche du village d'Aït-Rehouna dans la commune d’Azeffoun qui a servi à l’enrochement du port de pêche et de plaisance de la dite localité, exploitée par le groupe réalisateur Meditram, subit depuis plusieurs années une opération de remise en état dont la roche extraite dans ce cadre est utilisée toujours dans le port de la ville voisine de Tigzirt-sur-mer, en construction par le même groupe réalisateur. Elle se faisait avec l’utilisation des explosifs.  Pour arrêter le désastre, il faut mettre le site sous protection soit en le clôturant ou en le mettant sous surveillance et prévoir une campagne de sensibilisation au sein des villageois et des autorités locales sur l’importance de ces vestiges.

Restaurer un monument, c’est en assurer, au moins pour un temps, la pérennité et la mise en valeur. C’est aussi, en partie, le trahir. En effet, toute restauration implique des choix. Il est exceptionnel qu’un ensemble architectural - un mégalithe dans le cas présent - corresponde à une seule époque, ait été construit en une seule phase et que toutes les structures qui le composent soient visibles en même temps. Il faut donc choisir. Dans le cas du site d’Ait-Rehouna, protohistorique apparemment.

Il était, par exemple, très difficile de garder l’aspect champêtre du site et de montrer à la fois le dallage externe et la tranchée d’implantation sans recourir à l’utilisation de matériaux modernes. Les choix effectués - qui peuvent très bien être contestés - ont été dictés par le souci de rétablir le site dans un état aussi proche que possible de celui qui devait exister au début de son utilisation.

La destruction, par les fouilles clandestines et vandalisme, de la plupart des indices archéologiques qui devaient exister dans le remplissage de la chambre et le «détourage» des côtés du monument par des tranchées d’exploration ne permettaient en effet pas de prétendre reconstituer les éventuelles évolutions des structures de l’allée couverte. Les choix retenus ne sont cependant pas exempts d’incertitudes d’erreurs.

Conclusion

Le but essentiel de cette note est de monter que ce type d’architecture funéraire protohistorique primo est unique et rare au Maghreb, secundo, il est impératif que les instances concernées doivent prendre en charge leur restauration et conservation, et tertio de le promouvoir dans un cadre de recherche et de tourisme dans cette belle région d’Algérie.

Il est donc nécessaire et urgent de fouiller et de restaurer ce type de monument funéraire afin de compléter les lacunes qui manquent nos connaissances sur les populations protohistoriques du Maghreb. Et par voix de conséquence « Nécessite de protéger le patrimoine archéologique »: C'est en terme de survie que se pose le problème de la sauvegarde de notre patrimoine en péril. I1 est en effet exposé à la destruction, au vandalisme et au pillage.

La destruction des sites archéologiques en Algérie devient de plus en plus dramatique avec l’expansion démographique et le développement technologique qui facilitent la conquête des vastes espaces libres par l’homme.

En Algérie, l’espace envahi par les constructions, par autres travaux d'aménagement augmente au rythme de la croissance démographique et de la création d'industries dans diverses régions. Comme cette occupation de l'espace se fait sans contrôle, sans respect des sites, l'on s'imagine facilement le nombre de sites détruits chaque année. Le nombre est effrayant dans les zones en voie d'urbanisation ou dans les territoires oh les constructions de routes, barrages etc. Combien de centaines de sites préhistoriques et protohistoriques ont disparu pendant les travaux de l’aménagement de l’autoroute Est-Ouest? I1 suffirait de consulter l'Atlas archéologique de Stéphane Gsell pour s'en faire une idée. Combien de sites de grand intérêt archéologique sont sauvagement détruits.

Le but essentiel de cet article est de monter que ce type d’architecture funéraire protohistorique primo est unique et rare au Maghreb, secundo, il est impératif que les instances concernées doivent prendre en charge leur restauration et conservation, et tertio de le promouvoir dans un cadre de recherche et de tourisme dans cette belle région d’Algérie. Il est donc nécessaire et urgent de fouiller et de restaurer ce type de monument funéraire afin de compléter les lacunes qui manquent nos connaissances sur les populations protohistoriques du Maghreb.

Bibliographie 

Camps G., 1959. Sur trois types peu connus de monuments funéraires. B.S.P.F., t. LVI.

 Camps G., 1961. Aux origines de la Berbérie. Monuments et rites funéraires protohistoriques. Paris, A.M.G.

Camps G., 1965. Les recherches protohistoriques en Afrique du Nord de 1952 à 1962. Ani del VI congr. Intern. Delle ScinenzePrehistoriche e protohistoriche, Rome, vol. II.

Camps G., 1987. Allées couvertes (Kabylie) (G. Camps), Encyclopédie berbère, Fascicule IV, 1987 .

Camps G., 2000. Ibarissen,Encyclopédie berbère, Fascicule XXIII.

Poyto R., 1967. Contribution à l’étude des sites préhistoriques en pays Kabyle. Fichier de la documentation berbère.

Musso J. C., 1971. Dépôt rituel des sanctuaires ruraux de la grande Kabylie. Mém. Du CRAPE n° XVII, A.M.G., Paris.

Guilaine  J., 1995. Allées couvertes et autres monuments funéraires du Néolithique de la France du Nord-Ouest, Dir. Claude Masset et Philippe Soulier, Allées sans retour, Errance.

 

Les planches 

 

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Fig. n° 1- Situation géographique des sites d’Ait Rehouna et de Toudja

 

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Fig. n°2  - Relevé des allées couvertes d’Ait Rehouna (Grande Kabylie) D’après G. Camps 1961, p.153.

 

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Fig. n°3 : Vue générale du village d’Ait Rehouna

 

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Fig. n°4 : Une première allée couverte du site d’Ait Rehouna du premier groupe.

 

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Fig. n°5 - Etat de conservation d’une allée du premier groupe

 

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Fig. n°6 - Une deuxième allée couverte dans un mauvais

État de conservation du premier groupe.

 

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Fig. n°7 - Etat de conservation d’une allée couverte du site d’Ait Rehouna

 

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Fig. n° 8- Allée couverte d’Ibarissen