LES OLIVIERS D’HANNIBAL À L’OUEST
DE KALEA SEGHIRA AU SAHEL TUNISIEN[1]
AdelNjim ː Maître Assistant en Histoire et Archéologie Phénico-puniques à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax
Mots clés :
Kalea Seghira - Exploitations antiques - Oliviers d’Hannibal - Fermes puniques - Politique de peuplement
Résumé :
La ville de Kalea Seghira est très riche par son terroir, sa position, son histoire et son patrimoine exceptionnels. Seulement, cette cité est paradoxalement peu étudiée.
Ma contribution à mieux la connaitre portera sur une récente découverte aux environs de cette ville.
Il s’agit de présenter une découverte inédite d’une exploitation agricole antique située à quelques kilomètres à l’ouest de cette ville au lieu dit « Ennagar ». Cette exploitation contient des oliviers au tronc immense qui prouve leur âge antique. Des vestiges liés à la gestion de l’eau et une collecte préliminaire de la céramique témoignent d’une occupation allant de l’antiquité à la période islamique. Même si cette culture matérielle est digne d’un dossier approfondie.
Mes investigations m’ont permis de mettre cette ferme essentiellement oléicole avec un témoignage littéraire auquel jusque là on a accordé peu d’attention sur les oliviers plantés par le général punique Hannibal dans toute la région du Sahel. Cette découverte confirme que ce témoignage textuel ne relève pas du mythe.
De plus, cette exploitation serait en quelque sorte un des témoignages du système carthaginois très complexe. Il a un aspect militaire et sécuritaire original en rapport avec les systèmes des Phoinikoi Tapoi littéralement Fosses phéniciennes qui passent plus à l’ouest non loin de cette zone. Cette ferme dévoileaussi un aspect démographique par la fixation des fermiers à la marge des territoires d’une grande ville telle que Hadrumète. Cette exploitation essentiellement oléicole a aussi une vocation économique sans conteste de gestion et de rentabilisation des territoires périphériques à l’époque punique.
La publication de cette ferme punique enrichi ce dossier sur notre connaissance de cette culture surtout dans la célèbre région de la Byzacène devenue le Sahel un des fiefs historiques de Carthage et dans l’arrière pays de la ville d’Hadrumète cité punique majeure.
Title :
HANNIBAL OLIVE TREES IN THE WEST OF KALEA SEGHIRA IN THE TUNISIAN SAHEL
Keywords :
Kalea Seghira - Ancient Farms - Hannibal Olive Trees - Punic Farms - Settlement Policy
Abstract :
The city of Kalea Seghira is very rich by its terroir, its position, its history and its exceptional heritage. Only this city is paradoxically little studied.
My contribution to better know her will focus on a recent discovery around this city.
This is to present an unpublished discovery of an ancient farm located a few kilometers west of the city at a place called "Ennagar". This farm contains olive trees with an immense trunk that proves their ancient age. Remains related to water management and a preliminary collection of ceramics bear witness to occupation from antiquity to the Islamic period. Even though this material culture is worthy of a thorough record.
My investigations allowed me to put this farm essentially olive with a literary testimony to which little attention has been given to the olive trees planted by the Punic General Hannibal throughout the Sahel region. This discovery confirms that this textual testimony is not myth.
Moreover, this exploitation would be in some of the testimonies of the very complex Carthaginian system. It has an original military and security aspect related to the systems of Phoinikoi Tapoi literally Phoenician Fosses that pass further west not far from this area. This farm also reveals a demographic aspect by fixing farmers at the margins of the territories of a large city such as Hadrumète. This mainly olive-growing operation also has an undoubted economic vocation for managing and making profitable the peripheral territories of the Punic era.
The publication of this Punic farm enriches this file on our knowledge of this culture especially in the famous region of Byzacène became the Sahel one of the historical fiefs of Carthage and in the hinterland of the city of Hadrumète major Punic city.
INTRODUCTION
La ville de Kalea Seghira est très riche par son terroir, sa position, son histoire et son patrimoine exceptionnels. Seulement, cette cité est paradoxalement peu étudiée.
Ma contribution à mieux la connaitre portera sur une récente découverte aux environs de cette ville.
Il s’agit de présenter une découverte inédite d’une exploitation agricole antique située à quelques kilomètres à l’ouest de cette ville au lieu-dit « Ennagar ». Cette exploitation contient des oliviers au tronc immense qui prouve leur âge antique. Des vestiges liés à la gestion de l’eau et une collecte préliminaire de la céramique témoignent d’une occupation allant de l’antiquité à la période islamique. Même si cette culture matérielle est digne d’un dossier approfondie.
Mes investigations m’ont permis de mettre cette ferme essentiellement oléicole avec un témoignage littéraire auquel jusque-là on a accordé peu d’attention sur les oliviers plantés par le général punique Hannibal dans toute la région du Sahel. Cette découverte confirme que ce témoignage textuel ne relève pas du mythe.
De plus, cette exploitation serait en quelque sorte un des témoignages du système carthaginois très complexe de gestion des territoires. Il a un aspect militaire et sécuritaire original en rapport avec les systèmes des Phoinikoi Tapoi littéralement Fosses phéniciennes qui passent plus à l’ouest non loin de cette zone. Cette ferme dévoileaussi un aspect démographique par la fixation des fermiers à la marge des territoires d’une grande ville telle que Hadrumète. Cette exploitation essentiellement oléicole a aussi une vocation économique sans conteste de gestion et de rentabilisation des territoires périphériques à l’époque punique.
La publication de cette ferme punique enrichi ce dossier sur notre connaissance de cette culture surtout dans la célèbre région de la Byzacène devenue le Sahel une des fiefs historiques de Carthage et dans l’arrière-pays de la ville d’Hadrumète cité punique majeure.
- Les vestiges
La zone à laquelle on consacre cette note se situe à l’ouest de l’actuelle ville de Sousse aux environs immédiats de la ville de Kalea Seghira (figure 1). Les données réunies sont inédites et plaident en faveur d’une occupation antique préromaine de la région.
Cette découverte pousse à une évaluation plus détaillée du dossier avec les multiples données du terrain avant de passer à l’interprétation.
- La toponymie
Les noms de lieux en Tunisie constituent un chapitre non négligeable pour connaître le passé d’une région. Le toponyme de Kalea Seghira est sans doute très significatif. Seulement, nous ne sommes pas capables de dire dans quelle mesure cette appellation qui remonte à l’époque islamique reflète-t-elle un passé antique et encore moins punique[2].
- Gurza et Kalea Seghira
La cité antique voisine de Kalea Kebira portait probablement le nom antique de Gurza[3]. Nous ne disposons d’aucune interprétation probante de ce toponyme. L’assimilation avec la ville voisine de Kalea Seghira n’est pas assurée pour l’instant.
- Ennagar
La zone qui nous occupe dans cette note porte le nom de « Ennagar ». La signification de ce toponyme nous échappe pour l’instant. Le rapport entre la toponymie nord-africaine et les ressources hydriques étant très grande[4], on pourrait rapprocher ce nom de lieu avec celui d’un toponyme à vocation hydrique qui veut dire « l’eau courante » ou « l’eau abondante ». Seulement, ce n’est qu’une interprétation préliminaire qui mérite d’être approfondie.
- La route
Une autre donnée assez significative de cette zone nous est fournie par sa position par rapport au réseau routier. En effet, ces exploitations se situent au bord d’une route qui part de la ville de Sousse pour se diriger vers l’ouest. Nous allons revenir sur la signification de cette route et son importance pour le peuplement de toute la région. Nos investigations rapides nous poussent à dire que cette route est la continuation d’une voie antique qui remonte à la fois l’époque punique et romaine. Cette voie est actuellement méconnaissable parce qu’elle est masquée par l’aspect récent de la route asphaltée.
- Les vestiges funéraires
Les parcelles que nous présentons dans ce cadre renferment un certain nombre de vestiges de nature diverse. On a trouvé non loin des oliviers une tombe. Celle-ci a été violée des fouilleurs clandestins (figure 2). Selon le témoignage d’un berger habitué à fréquenter ces lieux on y a trouvé un plat en céramique intact. Il semble qu’il s’agit d’une pièce en sigillée d’après la description qui nous a été fournie. Le fossé de l’inhumation ne contient aucune trace de mobilier.
Nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’inhumations multiples ou d’une nécropole. Nous penchons vers l’idée d’une seule inhumation ou même de quelques-unes. Il n’est pas improbable que d’autres tombes non fouillées existent encore à cet endroit. Notre investigation rapide de la zone ne nous a pas permis de les déceler.
- Les vestiges hydrauliques
Cette zone renferme aussi des vestiges très intéressants puisqu’ils dévoilent la fonction de ces parcelles. Il s’agit de structures à vocation hydraulique. Nous avons trouvé un puits assez profond creusé dans le sol rocheux de la zone. Il est actuellement abandonné et totalement inaccessible à cause d’un figuier qui l’obture (figure 3). Nous aurons souhaité pouvoir le prospecter afin de rechercher de la céramique qui pourrait nous aider à dater la période de son usage. Non loin de ce puits on a trouvé un bassin de forme carré d’environ quatre mètres et demi de diamètre (figure 4). Il est relativement dégradé par les intempéries. La surface est faite en mortier hydraulique. La situation de ce basin à proximité des oliviers indique que son utilisation est en rapport étroit avec ses plantations soit pour l’arrosage ou pour l’extraction de l’huile. Il n’est pas improbable qu’avec l’exploitation des oliviers des plantations éphémères étaient pratiquées qui exigeaient l’usage de l’eau.
Une autre structure hydraulique probablement souterraine située non loin de ces plantations nous a été signalée par un berger qui fréquentait cette région. Il s’agirait de réservoirs d’eau. Nous n’avons pas pu voir de près ces vestiges vu leur proximité d’une maison nouvellementbâtie dans la zone.
- Les carrières
Non loin de ces plantations on trouve à l’intérieur des terres demultiples dépressions assez conséquentes. Il s’agit peut-être de zones d’attraction de pierres qui aurait était utilisée pour la construction de la route. Seul un examen approfondi peut nous éclairer sur cette question.
- Le mobilier
Notre prospection rapide de cette zone nous a permis de recueillirun mobilier très riche assez instructif sur l’histoire de l’occupation de cette région.
Nous allons reprendre cette moisson d’objet dans un travail ultérieur détaillé. Il s’agit ici de présenter brièvement ces indices surtout pour situer chronologiquement les oliviers et les exploitations que nous avons découverts. Les indices matériels recueillis vont de la préhistoire à l’époque islamique et témoignent de la continuité de peuplement dans cette zone (figure 5).
- Les exploitations agricoles
L’intérêt principal de cette zone est constitué par les plantations d’oliviers situées au bord de la route.
- Oliviers
Les oliviers découverts sont très anciens vu le tronc immense qu’ils présentent (figure 6). Notre enquête nous autorise à dire qu’ils remontent avec certitude à l’époque punique selon des multiples indices. La parcelle que nous avons prospectée n’est sans doute pas la seule digne d’intérêt. Un retour sur les lieux est nécessaire et une investigation plus approfondie serait une bonne chose.
- Cultures éphémères
Les oliviers étaient probablement accompagnés de cultures éphémères dont les traces nécessitent des moyens techniques plus sophistiquées. Le bassin situé dans ces parcelles constitue sans doute une réserve d’eau pour ces cultures éphémères.
- Activités pastorales
De plus, cette zone était sans doute une zone de pâturage comme elle l’est encore de nos jours. Cette activité est favorisée par l’abondance de l’herbe aux pieds des oliviers. L’élevage avait souvent constitué une source d’appoint pour les fermiers nord africains.
- Les oliviers d’Hannibal
- Les données archéologiques
Les oliviers de Kalea Seghira sont caractérisés par leur tronc immense qui témoigne de leur ancienneté. Grâce à une collecte de céramique préliminaire nous avons pu les attribuer à l’époque punique. Ces oliviers millénaires ne se limitent pas à cette zone.
Nous avons pu découvrir des oliviers similaires à de multiples reprises dans d’autres endroits du Sahel. En effet, nous avons été interpellés par ces oliviers au tronc immense comme ceux de Kalea Seghira dans les environs de Melloulech (au Sud de Chebba), à Henchir Maklouba (entre Rajiche et Ksour Essaf), à Thapsus, à Lamta , au village de Moureddine (à l’ouest de Sousse), à Sousse (dans les environs de la cité Erriadh) et à Hammam Sousse (dans des parcelles situées non loin de la mer).
Nous avons pu attribuer ces parcelles à l’époque punique grâce à des ramassages de céramique.
Bien sûr, le premier souci était de dater ces oliviers avec plus précision. La méthode de datation des arbres à la portée des archéologues est la dendrologie[5]. Elle se fonde sur l’analyse du tronc de l’arbre par calcul des cercles de croissance. Cette démarche nécessite d’avoir un arbre dont le tronc est sectionné pour pouvoir effectuer la datation. Sans parler du coût de l’opération qui suppose le recours au financement d’une institution de recherche et d’un projet autour de cette découverte. En l’absence de ces possibilités cette découverte est suspendue.
- Les données littéraires
Nous pouvons améliorer cette chronologie grâce à témoignage littéraire assez instructif. Le retour à ce dossier s’est fait tout à fait par hasard lors d’une recherche sur Hannibal[6]. En effet, en lisant le travail de Segre Lancel consacré à Hannibal nous avons découvert une donnée littéraire fort intéressante. Le premier réflexe était de tenter de concilier entre ce témoignage textuel et les indices découverts sur le terrain. Selon une légende rapportée par un auteur tardif Aurelius Victor on apprend qu’Hannibal craignant les effets pernicieux de l’oisiveté pour ses soldats les avaient employés à planter en masses des oliviers. D’après Serge Lancel, une telle action aurait pu se faire pendant deux périodes. Soit en l’année qui sépara son retour d’Italie à l’automne de l’année deux cent trois et son engagement contre Scipion à Zama à la fin de l’année deux cent deux alors qu’il avait son quartier général à Hadrumète. Ou dans les années entre la paix imposée à Carthage après Zama et son suffétat[7].
- Verdict scientifique
Pour résumer la question, d’un côté nous avons sur terrain les traces d’une forêt d’oliviers d’âge très ancien située dans divers endroits du Sahel. De l’autre nous disposons d’un témoignage certes tardif mais sans doute digne d’intérêt sur une opération de plantation d’oliviers dans la région du Sahel par les soldats d’Hannibal.
C’est à l’occasion d’un travail de recherche destiné à être présenté lors d’un colloque sur la ville de Kalea Seghira qu’un lien solide a pu être établi entre les données textuelles et celles fournies par le terrain. En effet, lors d’une prospection dans un lieu-dit Ennagar à l’ouest de Kalea Seghira, nous avons pu découvrir des exploitations agricoles antiques axées sur la culture de l’olivier. Des investigations minutieuses dans l’une des parcelles en question témoignent qu’elles ont fonctionné durant la période antique et qu’elles remontent avec certitude à l’époque punique. Ce qui constitue un patrimoine exceptionnel à valoriser[8].
Donc, il n’a nul doute que les oliviers du Sahel remontent à l’époque punique. Les attribuer à l’œuvre des soldats d’Hannibal est facilement envisageable. Certes, nous auront toujours besoin d’une datation précise d’avantage pour être plus sûr. Une telle opération pourrait se faire dans le cadre d’un projet dédié à ce patrimoine agricole punique exceptionnel.
- Intérêts scientifiques
- Agriculture punique
Ces fermes puniques situées à l’ouest de la ville de Kalea Seghira ont une portée plus large. D’abord, ces exploitations élargissent nos connaissances sur le milieu rustique punique en dehors de la métropole de Carthage qu’on connait à travers quelques études ponctuelles[9].
Les fermes puniques situées au Sahel confirment les connaissances dont nous disposons sur l’agriculture carthaginoise. Effectivement, nous savons qu’après la défaite de Zama le potentiel économique local de Carthage était intact. Appien parle des années du début du deuxième siècle avant J.-C.. Il insiste sur la puissance retrouvée de Carthage. En effet, dix ans après Zama Carthage pouvait proposer à Rome de s’acquitter par anticipation des quarante annuités d’indemnités de guerre qui lui restaient à régler selon le traité de l’année deux cent un[10].
De telles découvertes sont de nature à éclaircir notre connaissance sur le fonctionnement du territoire de la métropole punique d’Hadrumète à l’époque punique.
- Peuplement punique
Effectivement, les exploitations puniques aux environs de l’actuelle Kalea Seghira à l’Ouest de la ville de Sousse l’ancienne cité phénico-punique d’Hadrumète dévoilent un chapitre important et peu étudié de la politique punique de gestion des territoires périphériques. Ce mode de fermes agricoles fait partie du système à facettes multiples. Il a un aspect démographique par le cantonnement de tribus à la périphérie de la limite du territoire de la Byzacène dont la ville d’Hadrumète était la principale cité. Ce mode de gestion a aussi un aspect sécuritaire puisque le Sud-Ouest de la Byzacène échappait relativement au contrôle de l’autorité punique[11]. Enfin, ce mode de gestion avait un aspect économique indéniable surtout par la production de l’huile dont l’importance pour Carthage était incontestable.
Ce mode de gestion paysan par le cantonnement de fermiers dans les marges des territoires puniques allait de pair avec des structures de contrôle appelées Phoinikoi tapoi dont nous avons montré l’intérêt non seulement dans les régions situées au Nord de la Tunisie mais sans doute au Sahel et dans l’actuelle région de Sfax qui correspond à la région historique de la Petite Syrte[12].
- Aspect sécuritaire
Les exploitations agricoles d’époque punique à l’Ouest de l’ancienne cité d’Hadrumète dans les environs de la ville actuelle de Kalea Seghira sont en un rapport avec la politique sécuritaire punique dans la région de la Byzacène.
Ces exploitations agricoles sont liées à un système de fixation des fermiers et de surveillance des terres dans le cadre d’un dispositif de gestion des territoires périphériques appelé Phoinikoi Tapoi.
Cette question de limite de territoire en Afrique du nord est très intéressante. Il semble que cette structure défensive a presque peu changé entre l’époque punique et romaine. La phase romaine est très médiatisée alors que le chapitre punique est encore peu connu et il l’est encore moins dans la partie de la Byzacène et de la Petite Syrte d’où l’intérêt de cette recherche.
La limite de territoire dite communément « Fossa Regia » fut tracée par Scipion Emilien après la défaite punique en 146 avant J.-C. pour séparer la région qui correspond à l’ancien territoire punique de Carthage, des territoires numides (figure 7). En effet, Pline l’Ancien définit le plus clairement la nature et le rôle de la Fossa Regia. Selon lui, elle servait à séparer le royaume numide du territoire de Carthage conquis par Rome. Effectivement, les textes épigraphiques qui sont des bornes limites d’époque impériale précisent cette appellation de « limite entre la nouvelle et l’ancienne province : l’Africa Vetus et l’Africa Nova »[13]. Cependant, Pline l’Ancien indique seulement le point de départ et d’arrivée de cette frontière. Le point de départ de cette ligne de démarcation se situe sur la côte Nord-Ouest de l’actuelle Tunisie. Il correspond au fleuve Tusca non loin de la ville de Tabarka. Celle-ci se trouvait vraisemblablement sur la frontière mais en territoire numide. Le point d’arrivée de cette frontière aboutissait à Henchir Thina ou Thaenae. En ce qui concerne le secteur de la Fossa Regia à la latitude du Sahel selon A. Machrek, elle se situe dans la vallée de Oued Merguellil situé à l’Ouest de Kairouan[14]. Ainsi cette limite est à l’ouest des fermes puniques situées dans les environs de la ville de Kaleae Seghyra.
Nous venons à une idée de synthèse qui nous avance dans notre débat sur ces exploitations agricoles antiques. Selon l’infatigable archéologue Nadia Ferchioule problème de la FossaRegia est loin de se limiter au simple tracé d’une ligne de démarcation entre deux pays ou deux provinces. En fait, il touche à des aspects les plus divers tels que la politique des deux protagonistes de l’époque, les opérations militaires, les institutions municipales et juridiques, le droit des gens et du sol, l’assiette financière, la répartition et le recouvrement de l’impôt. On peut donc se rendre compte que la question de la FossaRegia est un sujet particulièrement complexe[15].
Ce système défensif est bel et bien punique. Des témoignages de sources littéraires antiques font échos d’un système de défense territorial en Afrique du Nord nommé Phoinikoi Tapoi littéralement Fosses Phéniciennes. En effet, nous disposons d’un témoignage littéraire digne d’intérêt sur ces Fosses phéniciennes. Il s’agit d’un grec nommé Eumachos. Selon Serge Lancel cet auteur était sans doute l’historiographe d’Hannibal[16]. L’implication de l’auteur dans les évènements est de nature à accroitre la crédibilité accordée à son témoignage sur ce phénomène. Cet auteur mentionne un fossé creusé par les Carthaginois autour de leur propre territoire[17]. Nous disposons d’un second témoignage littéraire antique sur ces limites fourni par Appien. En effet, l’auteur mentionne des Fosses Phéniciennes à de multiples occasions dans son œuvre consacrée à la civilisation de Carthage[18]. Entre autre, Appien parlant du traité qui termina la guerre d’Hannibal à la fin de ce qui communément appelé la seconde guerre punique, nous apprend que les Carthaginois avaient établi des garnisons des villes situées au-delà des « Fosses Phéniciennes ».
Fait étonnant, les Fosses phéniciennes n’ont fait l’objet d’aucune notice dans le Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique. Cette absence marque le peu d’intérêt accordé à cette question. Nous avons eu l’occasion de formuler des réserves sur le contenu de ce travail entre autre à ce sujet et d’attirer l’attention sur ce manque dans une note encore inédite[19]. De même l’article consacré à la Fossa Regia au sein de cet ouvrage ne fait aucune allusion à cette frontière[20]. Pourtant, Stéphane Gsell dans sa synthèse sur l’Afrique du nord évoque cette question[21]. Charles Tissot, l’éminent spécialiste de l’Afrique du Nord antique reconnaissait ce phénomène et distingue entre les Fosses Phéniciennes et la Fossa Regia[22]. Le dossier des Fosses Phéniciennes s’est recouvert grâce aux travaux de Nadia Ferchiou dans la Nord-Ouest tunisien. Dans un premier travail, elle soulève cette question de façon dubitative[23]. Ensuite, elle reprend cette enquête dans un travail de terrain où elle avance des constatations plus sûres[24].
Pour certains chercheurs l’appellation de « Fosses Phéniciennes » bien évidente des sources antiques ne reflète pas une réalité. L’interprétation qu’ils donnent est la suivante. Selon ces chercheurs, ce terme serait une pure invention due à un auteur romain. Ce dernier, soucieux de justifier l’usurpation du roi Massinissa aurait jugé bon de falsifier le traité conclu en 201 après J.-C. il aurait inséré une clause afin d’obliger les Carthaginois vaincus à évacuer tout le pays en dehors de ce fossé qu’il aurait frauduleusement qualifié de « Fosses Phéniciennes »[25]. Certains chercheurs actuels semblent du même avis. Pour eux, ces Fosses n’auraient pas existé à l’époque punique. Il faudrait les identifier avec la Fossa Regia d’époque romaine.
Seulement, une nouvelle découverte faite par l’archéologue tunisienne N. Ferchiou pousse à rouvrir ce dossier. Elle signale un fossé qui traverse en diagonale la Tunisie antique. Le secteur qu’elle a découvert se situe entre Sbikha et le Sud de Djebel Bargou et se dirige au Nord-Ouest vers Vazi Sarra[26]. Elle se pose la question si ce fossé correspond ou non à celui de la Fossa Regia. Son verdict est clair : « ce tracé nous ramène vers l’hypothèse des Fosses Phéniciennes qui cernaient le territoire de Carthage avant la défaite de Zama. Nous ne voyons guère d’autre alternative »[27]. L’une des raisons que l’auteur présente est la suivante. Elle affirme que ce fossé découvert passa à une vingtaine de kilomètres en moyenne au Sud des bornes déjà connues de la Fossa Regia[28]. Néanmoins, il n’empêche que la prudence est recommandée car les deux structures de la Fossa Regai et des Phoinikoi Tapoi sont en maints endroits superposables[29].
Passons à tenter d’énumérer quelques paramètres qui nous permettent d’identifier ce type de structure dans des endroits précis ce qui nous aidera à essayer de reconnaître sa présence dans la région de la Byzacène et de la Petite Syrtes.
La toponymie est un outil assez efficace pour nous faire avancer dans l’étude de cette limite de territoire à condition d’être bien exploitée. Parmi les toponymes révélant des structures de ce type le nom de lieux de Haddada qui fait allusion à une frontière. Nous disposons à des multiples endroits de toponymes pareils. Par exemple à l’Ouest de Mactar on a un nom de lieu de Haddada ou également Oued Haddada. Selon le colonel Reyniers ce terme désignait la Fossa Regia[30]. Dans la zone du Sahel, à l’Ouest de Sidi el Hani on trouve sur la carte d’État-major le toponyme de Seguiet el Hadd. Au même endroit, on trouve le nom de lieu de Henchir el Hadd[31]. Charles Tissot, y avait reconnu des vestiges. Un autre toponyme révèle probablement des fortifications, il s’agit de Oued Zouara qui coule à quinze kilomètres à l’Est de Tabarka[32]. Une enquête toponymique dans la région de Thyna pourrait nous éclairer sur les toponymes révélateurs de limite de frontière. Celle-ci devrait être accompagnée d’une vérification sur terrain afin d’éviter les confusions.
Dans la recherche des structures fortifiées appartenant à la Fossa Regia et ou aux Phoinikoi Tapoi il faut être muni de beaucoup de discernement. En effet, des structures de fortifications urbaines peuvent nous induire en erreur. Bon nombre de villes numides sont munies de fortifications délimitant leurs territoires[33]. L’assimilation entre la Fossa Regia et ou les Phoinikoi Tapoi d’un côté et la fortification d’un territoire d’une cité est sans aucun doute chose facile. Seule une enquête de terrain minutieuse accompagnée d’une étude des textes littéraires et épigraphiques quand elles existent peut nous éviter les erreurs d’interprétation.
Dans la quête des cités ayant fait partie de l’Africa Vetus ou de l’Africa Nova, les qualifications des noms des agglomérations peuvent dévoiler leurs status juridiques et par là même leur rapport avec ce système défensif de la Fossa Regia ou des Phoinkoi Tapoi. Par exemple le terme de Pagus des localités romaines nous indique qu’elles étaient souvent localisées au-delà des frontières[34]. Nous savons également que l’étiquette de Regius accolée à une agglomération veut dire qu’elle est rattachée au monde numide. Nous avons par exemple en Byzacène la cité d’Aqua Regia située à une quarantaine de kilomètres au Sud Est de Kairouan qui est une possession de la monarchie numide[35].
Une indication importante concerne une limite de territoire d’époque punique, celle des « Arst » considérés comme révélatrices d’une limite de territoire qu’on a trouvé à Mactar médiatisée sous le nom de borne de Micipsa[36]. Malheureusement, cette indication ne concerne pas la région de Thyna. Attendons le bon hasard d’une nouvelle découverte épigraphique dans la zone de la Petite Syrte qui apporte un éclairage sur les rapports de Puniques à cette région.
Cette limite de territoire en Tunisie antique appelée Fossa Regia et Phonikoi Tapoi est sans doute un dossier intéressant qui mérite davantage d’approfondissement.
Une question brulante concerne la date des Fosses Phéniciennes. Stéphane Gsell s’est posé cette question. Selon lui vraisemblablement cette frontière fut tracée à l’époque où Amilcar Barca étendit les limites de la domination punique selon le témoignage de Cornelius Népos[37].
Une étude récente pourrait nous éclairer davantage sur cette question. Elle porte sur les rapports des Carthaginois à l’Afrique du nord et entre autre la région de la Petite Syrtes[38]. Cet auteur donne une chronologie de l’affirmation de l’autorité punique en Afrique du Nord. D’après lui, c’est entre le quatrième et le troisième siècle av. J.-C. que le territoire de Carthage atteint son maximum d’expansion. Après le troisième siècle commence la phase de restriction territoriale suite aux conquêtes de Massinissa[39]. Ainsi, le système des Phoikoi Tapoi se situera dans cette fourchette chronologique. Dans une autre étude ce chercheur nous présente les différentes zones d’influence progressive du pouvoir punique en Afrique du Nord[40].
L’intérêt des Puniques à la région de la Byzacène est motivé par de multiples considérations à la fois d’ordre stratégique et économique.
Celle limite de territoire qui traverse la Tunisie du Nord-Ouest au Sud Est mérite qu’on s’y arrête à plusieurs égards. Il est évident que ce système de fortifications ne soit pas souvent fait en matériaux qui résistent longtemps face aux éléments de la nature surtout dans les zones steppiques. De telles œuvres risquent de disparaitre ou qui ont déjà disparu. La limite de la Fossa Regia est certainement en rapport étroit avec celle des Phoinikoi Tapoi. La continuité entre les deux systèmes est frappante. Les motivations de l’édification de cette frontière sont multiples à la fois géographiques, stratégiques et bien évidemment économiques. La création de cette limite de territoire marque la mainmise des Puniques sur le sol africain. Ce souci s’est poursuivi les Romains une fois en Afrique du Nord. Cette étude n’est sans pas exhaustive. Elle nécessite un approfondissement et surtout un travail de terrain dans la région de la Byzacène et de la Petite Syrte que ces oliviers et ses fermes antiques nous encouragent à poursuivre notre investigation.
CONCLUSION
La région du Sahel qui correspond à la Byzacène antique renferme encore des données à découvrir. Cette mise au point sur la cité de Kalea Seghyra démontre la richesse de cette région. Notre présentation a le mérite de présenter un aspect inédit de l’archéologie punique en Tunisie qui est celui des vestiges agricoles. Les oliviers de Kalea Seghyra sont en rapport avec des exploitations parsemées dans tout le Sahel. Ces oliviers concentrés surtout au Sahel enrichissent sûrement le dossier sur notre connaissance de la culture punique surtout dans la célèbre région de la Byzacène devenue le Sahel un des fiefs historiques de cette civilisation en Tunisie. Egalement, ces exploitations ont des significations multiples à la fois économiques et sécuritaires. Ils nous renseignent sur la fonction particulière de la cité d’Hadrumète devenue une véritable capitale durant l’époque punique dontl’héritage est peu valorisé[41].
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Lipinski, Gurza : E. Lipinski, Gurza/Gorza, dans E. Lipinski, Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, Paris-Bruxelles, 1992, p. 202.
Njim, Hannibal : A. Njim, Hannibal l’ombre de son père, Colloque International Familles, parents et enfants, de l’Antiquité à nos jours : Sensibilités, stratégies et conflits, Faculté des Sciences Humaines
et Sociales de Tunis 17, 18 et 19 novembre 2016, En cours de publication.
Njim, Index : A. Njim, Index thématique du Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique (travail inédit).
Njim, Kalea Seghira : Les oliviers d’Hannibal à l’Ouest de KaleaSeghira, Colloque KaleaSeghira, Territoire, Histoire et Patrimoine, 27-29 avril 2017, En cours de publication.
Njim, Sousse : A. Njim, Sousse phénico-punique : bilan, évaluation et perspectives, Patrimoine urbain et acteurs de patrimonisation, Colloque International, Monastir 6-9 décembre 2017, en cours de publication.
Njim, Thyna : A. Njim, A. Thyna : station des Fosses phéniciennes, Colloque Sfax et la mer, Juillet 2017 (Sfax), En cours de publication.
Njim, Toponymie : A. Njim, La toponymie maghrébine antique lecture pragmatique de l’espace, 19th International Congress of Classical Archaeology, Cologne-Bonn (Allemagne), 22-26 May 2018, en cours de publication.
LISTE ET REFERENCES DES FIGURES
Figure 1. Sousse et son arrière-pays : partie de la carte topographique de Sousse
Figure 2. Tombe qui a subi une fouille clandestine : photo de l’auteur.
Figure 3. Puits creusé dans le roc obturé par un figuier : photo de l’auteur.
Figure 4. Bassin à mortier hydraulique à proximité des oliviers : photo de l’auteur.
Figure 5. Mobilier de différentes époques collecté sur les lieux : photo de l’auteur.
Figure 6. Un des oliviers millénaires des exploitations de Kalea Seghira: photo de l’auteur.
Figure 7. Le tracé de la Fossa Regia et des Phoinikoï Tapoï : Ferchiou, Fossé inconnu, p. 114, pl. I.
CATALOGUE DES FIGURES
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Figure 6
Figure 7
[1]AdelNjim ː Maître Assistant en Histoire et Archéologie Phénico-puniques à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax (Tunisie). Mail ː عنوان البريد الإلكتروني هذا محمي من روبوتات السبام. يجب عليك تفعيل الجافاسكربت لرؤيته.
[2] Djelloul, Propriété, p. 45.
[3] Lipinski, Gurza, p. 202.
[4] Njim, Toponymie.
[5] Jokey, L’archéologie, p. 286-288, figure page 287.
[6] Njim, Hannibal.
[7] Lancel, Carthage, p. 381 ; Id., Hannibal, p. 325.
[8] Njim, Kalea Seghira.
[9] Fantar, Gammarth, p. 3 et suivant.
[10] Lancel, Hannibal, p. 329.
[11] Dubuisson-Lipinski, Byzacène, p. 85.
[12] Njim, Thyna.
[13] Ferchiou, Fossa Regia, p. 2897.
[14] Ferchiou, Fossa Regia, p., 2897.
[15] Ibid.,p. 2897.
[16] Lancel, Op., Cit., p. 362.
[17] Gsell, Op. Cit., II, p. 102.
[18] Ibid., p. 101.
[19] Njim, Index.
[20] Kolendo, Fossa Regia, p. 176.
[21] Gsell, Ibid.,p. 101-102.
[22] Ibid., p. 102.
[23] Ferchiou, Nouvelles données.
[24] Ferchiou, Fossé inconnu.
[25] Gsell, Op. Cit., p. 101.
[26] Ferchiou, Fossé inconnu, p. 107, pl. I.
[27] Ibid, p. 113.
[28] Ibid., p. 107.
[29] Lancel, Op. Cit., p. 362.
[30] Ferchiou, Op. Cit., p. 111.
[31] Ferchiou, Fossa Regia, p. 2910.
[32] Ibid., p. 2901.
[33] Gharbi, Fortifications.
[34] Ferchiou, Fossa Regia, p. 2901.
[35] Ibid, p. 2904.
[36] Février, Micipsa, p. 120-121.
[37] Gsell, Op. Cit., p. 102.
[38] De Bonis, Cartagine.
[39] Ibid., p. 199.
[40] De Bonis, Tunisia punica, p. 164, fig. 1.
[41] Njim, Sousse.